Discussion: Saga Namurienne
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Vieux 2013-02-12, 15h11   #45
TheOneFoX
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Re : Saga Namurienne

Le Globe d’Ashera, partie 9


Avec une lenteur empreinte de force mystique, la dalle s’effaça dans les grands mur de marbre et découvrit une large pièce ronde entièrement constituée de marbre blanc polie. Un grand escalier rond parcourait l’exact centre de la pièce et menait à une dalle ornée du sceau d’Ashera en gravure dorée. Devant cette dalle, une grande statue représentant une femme d’une beauté à couper le souffle, aux cheveux multicolores, tenait entre ses mains entrecroisées un grand globe illuminant d’une douce lumière verte. Une aura de puissance enivrante et apaisante émanait de cette pièce. C’était le sanctuaire sacré d’Ashera et là, dans son globe, était concentré tout sa bonté et l’espoir qu’elle incarnait en tant que protectrice de Thyl. S’il fallait que Rakor puisse s’approprier cette puissance et la corrompre, il accèderait au statut de demi-dieu et sonnerait l’arrivé de temps sombres, dénudés d’espoir, qui engloberait tout Namur comme un soleil noir. Même dans ses visions cauchemardesques les plus terribles, Oreth ne pourrait jamais voir qu’une parcelle de toute l’horreur dans lequel sombrerait le continent sous le joug de Rakor le Sombre.


Le Renouveau était arrivé, l’heure du renouvellement du contrat divin avec la déesse. Depuis sa lointaine jeunesse, l’évêque s’était préparé à ce moment et à l’ampleur de la responsabilité. qui lui incombait. Il devait renouveler le pacte et protéger le Globe à tout prix.

Dès l’ouverture de la porte sacré, l’évêque délaissa la protection de l’entrée au Chevaliers et s’engouffra dans le sanctuaire, uniquement accompagné de son jeune acolyte. Percevant son geste, Oreth fit signe à Alek de le suivre.

-Viens Alek, l’évêque est sans protection et je sens qu’il aura bientôt besoin de nous.

-Mais Cord va mourir si nous le laissons seul devant le Forgé! Répliqua Alek

-Les conséquences risquent d’être encore plus désastreuse si l’évêque meurt avant d’avoir pu accomplir son office ou si le Globe tombe entre de mauvaises mains. Nous sommes les seuls qui peuvent encore agir pour assurer la protection rapprochée du cérémonial.

-C’est vrai, mais si Cord meurt au combat, ce truc pourra entrer sans aucune difficulté

-Cela me déchire également le cœur de devoir laisser Cord combattre un tel monstre, mais il faut avoir confiance. Cord est un guerrier intelligent et l’un des plus puissants prêtres qu’il m’est été donné de voir, il saura se débrouiller. Pour l‘heure, je sent qu’une menace terrible et caché rode dans cette cathédrale et veut elle aussi attenter au cérémonial. Dépêchons-nous, le temps file.

Alek n’était toujours pas convaincu que de quitter le combat demeurait la meilleure option, mais il connaissait les pouvoirs d’Oreth et lorsque celui-ci annonçait un danger innommable, sa parole ne pouvait être mise en doute. Résignée, il fonça dans le sanctuaire pendant qu’Oreth annonçait à Cord qu’il devait maintenant faire cavalier seul.

-Une nouvelle menace vient d’entrer en ligne de compte et menace la tenue du cérémonial, dit télépathiquement le Vixen au prêtre. Alek et moi partons pour assurer la protection de l’évêque et intercepter ce mal avant qu’il ne cause quelques dégâts irréparables. Je suis désolé, Cord, mais tu devras maintenant faire face seul.

-Entendu, répondit le prêtre avec sa bravoure habituel. Je me chargerai moi-même de réduire ce tas de ferraille à néant.

-Sois prudent et ne te met pas inutilement en danger. Nous reviendrons t’appuyer sitôt que l’évêque sera hors de danger.

-Ne crains rien et concentre toi sur ton combat à venir, Oreth. Je ne crains pas ce Forgé. Cette machine infernale ne peut rien contre un serviteur béni de Dod. Je fais serment sur ma vie qu’elle n’atteindra jamais les marches du sanctuaire tant que je respirerai l’air de ce monde.


Sur ces derniers mots, le mage se précipita à la suite d’Alek dans le sanctuaire sacré. Toutefois, dans le chaos de la bataille que menaient Chevaliers et mort-vivants, il ne vit pas une grande forme noire encapée et masquée se faufiler habilement dans la cathédrale et pénétrer à sa suite dans le sanctuaire d’Ashera…


* * *


Dans la cacophonie des combats et des armes qui s’entrechoquait, le bruit accompagnant le choc de deux grandes épées bien particulières résonnait clairement dans la cathédrale. Celui de deux lames, nommés Kharadhil et Draskull se livrant un combat à l’image de celui de leur maître. Draskull symbolisait tout la force et la haine de Kayn, alors que Kharadhil véhiculait tout la rage et la volonté de Kaerun. Deux Drakes opposés dans un combat aux allures de légende.


Kayn avait rapidement compris qu’il n’avait pas affaire à un combattant de la dernière pluie. S’étant retenu dans les premières minutes du combat pour jauger son adversaire, il avait maintenant libéré tout l’ampleur de son expérience guerrière et abattait sur Kaerun une avalanche de coups précis et d’une force à faire éclater en morceau n’importe qu’elle arme normale. Parant de son mieux, Kaerun y répondait avec un puissance décuplé par la fureur brûlante que lui avait rappelé la mort de sa bien-aimée et refusait de céder ne serait-ce qu’un pouce de terrain au Drake rouge. Les deux adversaires faisaient montre de nombreuses lacérations et souffrait de nombreuses blessures d’où s’échappait leur sang. Mais les deux Drakes n’avait cure de la douleur qu’il éprouvait, seul comptait le fait de vaincre.

Kaerun tenta une passe d’arme et abattit son arme sur le coté droit de Kayn, tout en balançant un coup de pied bas sur les jambes de son adversaire pour tenter de le faire trébucher. Le Sulthor vit l’embûche et recula d’un pas en arrière, avant de bondir à nouveau comme un fauve, épée levée. Kaerun réalisa son erreur, il n’était plus en position d’équilibre et ne pouvait plus parer efficacement. La lame de Kayn lui entailla le menton et continua sa course en lui labourant le torse, laissant une longue estafilade sanglante le long de son armure. Rugissant de douleur, Kaerun répondit en tentant de décapiter Kayn d’un coup puissant. Se baissant de justesse, le guerrier en armure sombre évita la lame rouge et se lança de nouveau à l’attaque de tout son poids. Kaerun bloqua l’épée meurtrière et d’un mouvement vif parvint même à désarmer Sulthor, mais reçut le coude métallique de son adversaire en plein visage.

Ébranlé, Kaerun ne vit que trop tard le Drake rouge dégainer une dague dentelée et la pointer droit vers lui. L’aventurier tenta d’esquiver, mais reçut la dague droit dans l’épaule et tomba en rugissant un déchirant cri de souffrance. Sous la douleur, Kharadhil vola hors de sa main et fut projeté parmi la masse de mort-vivant, hors de portée de son maître.

Kayn vit sa chance et reprenant son arme, le leva au-dessus de son rival pour lui porter le coup fatal. Déterminé à ne pas mourir, Kaerun se retourna brusquement et cracha un grand nuage de gaz corrosif au visage du Drake rouge, le forçant à reculer pour se protéger des vapeurs mortelles. D’une seule main, l’aventurier se releva alors péniblement et cracha le sang qui lui emplissait la bouche. Kaerun tenta alors de bouger son bras d’arme, celui frappé par la dague, mais seule une douleur inhumaine lui répondit, son bras continuant de pendre mollement le long de son corps.

Devant lui, Kayn reprit son épée et passa son doigt sur sa lame ensanglantée. « Je suis le plus fort », se dit le Drake rouge. Bientôt, cet épéiste de pacotille saurait ce que c’est que de combattre Kayn Sulthor lui-même. Sa mort lui ouvrirait enfin les portes du sanctuaire et le Globe tomberait enfin en sa possession.

Bientôt, ce serait lui qui recevrait la puissance de l’héritage qu’avait laissé Garados. Il deviendrait ensuite le nouveau Seigneur des Drakes. Le Prince des Héritiers lui-même serait forcé de lui prêter serment d’allégeance devant sa puissance.

« Garados était faible. Il a été tué par de fragiles humains parce qu’il était trop émotif. Je serai plus fort et asservirai tout les mondes à mon pouvoir. Je serai Invincible, » se réjouit Kayn.


* * *




Plus haut, au-dessus de la mêlée, le combat entre Rakor et Zardak faisait rage avec toujours de plus en plus d’intensité. Zardak faisait appel à tous les sorts offensifs qu’il connaissait. Il avait lancés des boules de feu incandescentes, déchaîné des vents de tempête, incanté des éclats de glace extrêmement coupants et appelé à lui les foudres dévastatrices et pourtant, rien ne semblait pouvoir entamer les barrières de Rakor. Avec un plaisir évident, celui-ci absorbait chacun des sorts du Drake blanc et les détournait ou encore les renvoyaient avec une puissance accrue sur son adversaire.

Les combats rapprochés n’avaient pas été plus aisés, la robe blanche de Zardak étant maintenant striée et déchirée de coupures d’où s’échappait un sang clair et rouge. D’innombrables fois, la grande guisarme avait frappés les lames noires de Rakor parvenant parfois à pénétrer ses défenses et à lui infliger quelques blessures qu’il guérissait instantanément grâce aux sombres énergies qui l’habitait.

Visiblement, Rakor n’avait rien perdu de sa puissance d’antan depuis leur dernier affrontement…


Zardak tenta une nouvelle fois de percer l’armure magique de son rival d’un rayon de lumière rouge. Encore une fois, Rakor dévia le rayon et l’envoya s’écraser sur l’un des murs de la cathédrale, avant de se propulser pour rencontrer Zardak au corps-à-corps. Encore une fois, la guisarme de Zardak fut mise à rude épreuve, le mage bloquant péniblement chacune des attaques des deux épées de Rakor. Toutefois, le Drake noir avait déjà prévu une telle résistance et avait préparé une nouvelle ruse en sous-main. Usant de son souffle draconique, Rakor projeta une grande giclée d’acide vers le mage blanc. Comme il s’y attendait, Zardak esquiva le jet d’extreme-justesse et se retrouva en position délicate. Rakor prononça alors les mots d’une nouvelle incantation.

Umbram Mirago Vipare

En instant, le corps de Rakor disparut soudainement. Zardak, soupçonnant un sortilège d’invisibilité, fit appel à ses propre pouvoirs et lança prestement un sortilège de vision véritable, qui lui permettrait de voir Rakor peut importe ses artifices illusoires.

Mais il n’y avait rien!

Tout les sens magiques et intuitifs de Zardak lui hurlèrent à ce moment un danger mortel derrière lui. En un mouvement désespéré, Zardak se jeta de coté et se mit en vrille aérienne pour espérer éviter une attaque. Il sentit une lame lui labourer le dos et cria de douleur. Sans perdre une seconde et en ignorant la souffrance, le mage blanc fit décrire un large arc de cercle à sa guisarme à l’endroit exact où devait se trouver maintenant Rakor selon la logique de son attaque. Encore une fois, l’arme traversa le vide et les sens magique du templier l'informèrent que l’ennemi était de nouveau derrière lui.

Comment était possible? Comment pouvait t’il se déplacer aussi rapidement?

Zardak comprit alors. Ce n’était pas un sortilège d’invisibilité qu’avait utilisé Rakor, mais plutôt une incantation lui permettant de se transformer en une ombre éthéré bougeant à toute vitesse. Au moment de frapper, Rakor n’avait qu’à rendre ses armes de nouveau matérielles pour porter un coup.

Zardak plongea une nouvelle fois en plaçant sa guisarme en bouclier derrière lui et sentit cette fois la lame noire lui couper le bas du dos et attaquer ses ailes, laissant une longue estafilade rouge partant des reins jusqu’à la moitié de l’envergure de son aile gauche. Une nouvelle vague de douleur assaillit Zardak et le fit grimacer de souffrance.

Il entendait d’ici la voix de son rival qui riait de son rictus sadique

« Tu ne connais pas ce sortilège, Zardak? Dommage pour toi, car ce sera le dernier que tu subira. La prochaine fois, tu mourras »

Hélas, cela risquait effectivement d’être vrai…

* * *


Pendant ce temps, loin de la cathédrale, bien au-delà des côtes de Namur, dans l’océan gigantesque, quelque chose se réveilla. Les flots commencèrent à s’agiter, les vagues s’intensifièrent alors que quelque chose d’aussi ancien que le monde émergeait de son sommeil. Le sceau qui le retenait venait d’être brisé et lui offrait de nouveau la liberté. Sa vision se tourna alors vers les côtes, vers Thyl qu’un magicien nommé Daroth lui avait intimé de détruire. Hurlant de fureur, le démon rassembla les flots et devint tsunami, gigantesque vague prête à engloutir tout sur son passage. Enfin, il pourrait accomplir l’ordre qui l’avait fait venir dans le monde matériel.

Et à toute vitesse, dans un roulement de tonnerre, la monstrueuse vague fit chemin vers Thyl…
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