Discussion: Saga Namurienne
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Vieux 2013-02-12, 15h01   #29
TheOneFoX
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Re : Saga Namurienne

La Lune Rouge, Partie 1



Cela faisait plus d’un mois qu’ils étaient partis d’Arban…


Le lendemain de leur victoire, Kaerun les avait fait plier bagage. Après avoir remercier tout les villageois de leur hospitalité, ils s’étaient mis en route vers le Sud, Oreth ayant eu une vision le menant dans la ville portuaire de Thyl, de l’autre côté du continent.

À présent, ils chevauchaient à travers les dunes sablonneuses et sous le soleil ardent du désert. Ils n’auraient techniquement jamais du s’y retrouver, mais une puissante tempête rendait la route de Namuria impraticable et les forçait à couper en plein désert. Après avoir fait face à un froid glacial et mordant, ils se retrouvaient maintenant sous une chaleur accablante, ce qui n’était pas du tout pour plaire à Alek.

-On ne pourrait pas de retrouver dans un endroit normal avec une température acceptable pour des être vivants pour une fois? se plaignait l’archer, essuyant son front pour une énième fois sur son cheval.

Sourd aux plaintes d’Alek, Kaerun tentait de se concentrer pour retrouver la route traversant le désert. Une violente tempête de sable les avait précédés et avait effacé toute trace de passage des quelques caravanes, les laissant sans aucune direction dans l’immensité sablonneuse.

Après plus de deux heures de routes dans ce four naturel, les aventuriers durent se rendre à l’évidence, ils étaient totalement perdus…




-La nuit va bientôt tomber, Kaerun, dit Zardak. Si nous ne nous dépêchons pas de trouver un abri, nous serons une proie facile pour les vers des sables et autres créatures nocturnes.

-Tu as raison, frère, répondit le Drake. Malheureusement, je ne vois que du sable à perte de vue.

-Dans quel enfer nous as-tu menés, Kaerun? Non seulement nous sommes perdus, mais en plus nous risquons d’être mangé tout cru. Tout cela ne serait pas arrivé si tu m’avais écouté et que nous avions attendu la fin de la tempête. Qui te dit qu’Oreth n’a tout simplement pas fait un mauvais rêve comme tu en fait presque tout les soirs? Argua Alek en regardant le Vixen comme s’il était responsable de leur malheur.

Sans même lâcher un seul mot, le regard que le mage lui lança fut sans aucune équivoque. Sans aucune trace de colère, le visage taciturne du Vixen laissait parler ses yeux pour lui, laissant voir dans ses pupilles toute l’horreur et la gravité de la vision qu’il avait eu. Se sentant soudain mal à l’aise, Alek détourna rapidement le regard du mage. L’échange sans parole n’avait duré que quelques secondes, mais elles avaient suffis pour qu’Alek ne remette pas en doute l’intégrité du Vixen.

Mettant fin à la dispute, le petit groupe se remit en route, la tête basse et accablée de fatigue.

Mais leur passage n’était pas passé inaperçu. Perché sur un haut pic de sable vitrifié, un homme les observait. Le corps entièrement caché par ses vêtements du désert, seul ses yeux et ses mains étaient découverts, les premiers guettant le petit groupe et jugeant de leur valeur. Ces aventuriers semblaient avoir beaucoup voyagé et étaient très fatigués. Pas la peine d’alerter les Cavaliers des Sables, les chiens suffiraient.

Empoignant le cimeterre à sa ceinture, l’homme dégagea les bandes de tissu devant sa bouche et porta ses lèvres à la garde, soufflant dans une petite cavité creusée dans la poigne de l’arme. Un son très aigu et presque imperceptible à l’oreille en jaillit, laissant le son être porté par la brise du désert.



De leur côté, une pointe de désespoir commençait à poindre chez les aventuriers. Fatigués et accablé par la chaleur, certains commençaient à imaginer des oasis au loin. Les minutes se succédaient, toutes semblables, les rapprochant lentement mais sûrement du réveil du désert. Le soleil commençait déjà à se coucher, signe que l’heure de la chasse était proche pour les créatures.


Abattu, Cord lança un regard derrière lui, comme pour vérifier qu’ils avaient bien avancé malgré son impression. Quelque chose attira alors son attention. Derrière une grande dune non loin d’eux, un nuage de fumée d’élevait et semblait se rapprocher.

Encore ce fichu vent qui me fait tourner la tête… se dit Cord.

Jusqu’à ce qu’il entende les premiers aboiements…


-Hé! Écoutez. Qu’est-ce que c’est que ça?

Les autres stoppèrent leur monture et tendirent l’oreille, ils entendirent quelque chose ressemblant à des jappements.

-Une autre illusion? demanda Kaerun

-Non, pas cette fois, déclara Alek. Ça ressemble à une meute de chiens.

-Ils se rapprochent, dit Oreth.


La fumée s’épaissit derrière la dune, les jappements et aboiement se firent plus proches…


-Ce n’est pas une illusion et je doute que ce soit amical, dit Kaerun. Sortez vos armes et préparez-vous au combat, nous fonçons, intima le guerrier en éperonnant son cheval.

En quelques secondes, la trotte se transforma en cavalcade. Bondissant de derrière la grande dune, leurs crocs retroussés pour l’attaque, une grande meute d’énormes chiens de guerre jaillit dans un nuage de sable pour poursuivre les aventuriers.


Ralentis par le poids des aventuriers et déjà fatigué, les pauvres chevaux se faisaient lentement mais sûrement rattraper par les molosses enragés. Alek ouvrit les hostilités en laissant filer une flèche, qui se planta droit dans l’épaule de l’un des chiens. Le molosse fit une brusque embardée avant de s’effondrer, piétiné par la meute en furie.

En quelque secondes, les chevaux furent entourés de molosses bavant et grognant courant à leurs cotés, essayant de leur mordre les pattes ou les blessant de leurs griffes. Cord vit l’un des chiens bondir, crocs dénudés, vers son visage et le bloqua de ses grandes mains avant de le renvoyer par terre d’un vigoureux coup de coude. Un autre tenta sa chance avec son cheval, mais fut accueilli d’un impitoyable coup de marteau. Voyant son cheval qui fatiguait sous son poids, le prêtre transmis un peu de son énergie à la courageuse bête. Leur vie à tous deux dépendait de sa vigueur.

De son coté, Zardak libéra la longue guisarme qu’il gardait toujours sur son cheval et transperça le corps de l’un des chiens enragés de sa pointe. Avant qu’il puisse retirer son arme de la bête agonisante, un autre chien bondit de l’arrière et mordit dans l’arme du mage, la lui retirant des mains. Zardak laissa partir sa guisarme et préféra utiliser sa magie. Se concentrant brièvement, il infusa ses mains du pouvoir du feu et fit jaillir de grandes langues de flammes sur les molosses enragés autour de lui. Leurs poils embrasés, plusieurs chiens s’écartèrent en geignant de la poursuite pour aller se rouler dans le sable.

De son coté, Kaerun n’osait pas utiliser sa grande épée de peur de blesser ses compagnons d’un coup mal ajusté. Il s’en remit donc à la force et la taille de son puissant cheval de bataille. Cavalier expérimenté, le Drake fit faire de brusque sauts de coté à son cheval, le faisant percuter les chiens de ses grand sabots ou de ses flancs armés de pointes.


Armés de son seul bâton, Oreth tentait tant bien que mal de repousser les assauts de la meute en frappant les chiens au museau ou aux pattes. N’étant pas un guerrier très puissant, la tâche était assez ardue. Tentant de déloger un molosse particulièrement tenace, Oreth balança un grand coup avant de voir son bâton être puissamment emprisonné entre les mâchoires du chien. Luttant et tirant pour reprendre son arme, le mage ne vit pas l’autre molosse qui arriva par derrière. Entendant un grognement derrière lui, il n’eut le temps que de se retourner pour voir l’un des bêtes sauter sur lui. Tentant de se protéger des morsures, le mage fut littéralement arraché de sa selle par le choc et boula plusieurs mètres plus loin, laissant le chien se casser la nuque en tombant.


Stoppant sa longue roulade, le mage tenta de se relever avant de voir plusieurs molosses abandonner leur poursuite pour foncer vers cette proie sans défense. Le mage regarda autour de lui pour trouver de quoi se défendre, mais ne vit que du sable. La situation était grave…

Du sable…

Oreth pensa soudain à quelque chose. Il laissa les chiens approcher encore un peu pendant qu’il se souvenait de la formule de création d’eau, jusqu’à ce qu’ils ne soient plus qu’à quelques mètres. Puis, le mage se concentra vivement et tendit ses paumes vers le sable devant lui. Mélangeant l’oxygène et l’hydrogène de l’air, il créa rapidement plusieurs litres d’eau qu’il mélangea au sable.

D’un bond, les chiens se rapprochèrent, atterrissant à moins d’un mètre de lui. Toutefois, au lieu de sable fin et compact, ils rencontrèrent un sol gluant, devenu extrêmement spongieux. Emporté par leur élan, les molosses atterrirent avec force dans le mélange et s’enlisèrent tous dans le sable mouvant qu’avait créé Oreth.

Se relevant, Oreth regarda les prédateurs s’emprisonner d’eux-mêmes dans son piège et les regarda un court instant tenter vainement de se débattre, ne réussissant qu’à s’enliser encore plus. Ses vieilles lectures de chimie venaient de lui sauver la vie.

Il entendit un bruit de sabot se rapprochant et tourna la tête pour voir Kaerun sur son cheval, lui tendant la main. Il tendit la sienne et la forte poigne du Drake l’emporta au passage, pour le hisser sur son puissant cheval de bataille.

Heureusement, car d’autres chiens envahissait à l’instant la précédente position d’Oreth. Furieux d’avoir été privé de leur repas, la meute poursuivait éperdument le grand destrier de Kaerun, repoussé à grand coups d’épée lorsqu’il tentaient de bondir. Voyant la difficile position du Drake, Cord et Zardak s’entendirent d’un signe de tête et alignèrent leur chevaux perpendiculairement à celui du guerrier, fonçant droit dans sa direction. Arriver au point de rencontre, il laissèrent passer le destrier, puis foncèrent délibérément dans la meute pour leur couper le passage. Devant la puissance de chevaux et avec un peu d’aide de la magie de Zardak, les prédateurs dans leur chemin furent littéralement écrabouillé sous les sabots et les autres durent se disperser pour éviter le même sort, laissant ainsi Kaerun et Oreth continuer leur course.

Dispersés, inférieurs en nombre et effrayé par la puissance de leur proie, les chiens survivants s’éparpillèrent dans le désert, décidés à trouver une proie plus facile. À la course, ils laissèrent les aventuriers et fuyèrent à travers le désert.



Victorieux, le groupe se rassembla pour évaluer leur situation. Tous arboraient des marques de griffes et quelques morsures, surtout les chevaux. N’eut été de la robustesse de leur monture, plusieurs des aventuriers auraient du continuer à pied. Heureux de constater qu’il n’y avait aucun dégât majeur, ceux-ci se regroupèrent et prirent le temps d’observer l’environnement. La course les avait menés très loin de leur chemin d’origine.


-Et bien, nous ne sommes pas beaucoup plus avancé! déclara Alek. Nous voilà de nouveau en plein milieu de nulle part.

-Il est vrai que notre situation n’a guère progressé, accorda Zardak. Mais j’aimerais bien savoir d’où venaient ces chiens.

Qu’est-ce que c’est ça? demanda Cord, pointant une forme vague au loin.
Les aventuriers se tournèrent pour observer ce qu’avait vu Cord.

-Un mirage? Tenta Alek

-Non, sinon nous ne le verrions pas tous, dit Zardak. C’est plus qu’une illusion.

-Rapprochons-nous, dit Kaerun

Ils cavalèrent ainsi vers la forme, et après une heure, découvrirent enfin sa nature.


Dispersés en cercles concentriques, de grandes tentes étaient toutes regroupées autour d’une oasis, formant une sorte de village.

-Je crois que nous aurons la réponse à nos questions, déclara Oreth, impassible.
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