Discussion: Saga Namurienne
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Vieux 2013-02-12, 14h50   #15
TheOneFoX
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Re : Saga Namurienne

Une Saga Namurienne

Telle que racontée par Kaerun, guerrier Drake

Treizième entrée


Nous avions libéré enfin Oreth. Une fois le troll de cristal vaincu, nous pûmes enfin libérer notre ami de sa prison et le ramener avec nous jusque-là une clairière lointaine où nous fîmes camp pour la nuit, fourbus de notre audacieuse opération de sauvetage.

Ce soir-là, alors que tous dormaient à poings fermés, j’eus un nouveau rêve.

Je me retrouvai à nouveau dans un brouillard de néant, debout devant le fantôme du Seigneur des Drakes. Je me mis à genoux devant lui, me prosternant en signe de respect.

- Tu as la Clé, Kaerun? me demanda-t-il, de sa voix d’outre-tombe

- Oui, Seigneur….

- Bien, maintenant qu’elle est en ta possession. Elle te permettra d’atteindre votre prochaine destination. Celle-ci se trouve dans un endroit oublié des plaines de Duranild, au sommet de la Tour de Nehrès, aussi surnommée la Tour des Ombres. La Clé ouvrira le portail au haut de cette tour. Fais vite, Kaerun. Le temps est court et les ombres grandissent.

- J’entends et obéis, Seigneur des Drakes, je ne vous décevrai pas.

- Soyez prudents, la tour est investie du mal le plus pur et mettra ta volonté et celle de tes compagnons à rude épreuve. Vous devez survivre à cette Tour.

- Je survivrai… et protégerai mes compagnons

- Faites vite…le temps presse. Bientôt, il sera trop tard. Trop tard…

Et sur ces mots, le Seigneur des Drakes disparut dans les brumes, me laissant me réveiller en sursaut, le corps en sueur.

Je réveillai rapidement mes compagnons, les informant rapidement de la situation.

-Quoi! Encore des voyages? Mais on ne peut vraiment jamais dormir tranquille ici!, se plaignit Alek en se frottant les yeux.

-L’appel semblait assez urgent pour inquiéter notre Seigneur lui-même, analysa Zardak. Cela ne doit donc pas attendre. Les plaines de Duranild sont à près de quatre jours de cheval d’ici, il faut faire vite.

-J’acquiesce, dit Cord mais nous devrions au moins passer la nuit à Telak, un petit village sur notre route. Les plaines sont connues pour fourmiller de bandits de toutes sortes la nuit et nous pourrons en profiter pour nous équiper convenablement.

-Excellente idée, Cord, acquiesçais-je. Et toi, Oreth? Qu’en penses-tu?

Oreth prit un instant pour réfléchir, avant de déclarer

-Je sens les esprits autour de nous devenir de plus en plus nerveux. Les énergies fluctuent à un rythme si effréné que j’ai moi-même de la difficulté à suivre. Ils sont terrifiés, particulièrement ceux autour de Namuria. Ils sentent que quelque chose se prépare et leur peur se répercute jusque dans mon cœur. Garados à raison, nous devons nous hâter. Je ne sais ce qui se trame, mais j’ai bien peur que les conséquences soient horribles si nous ne parvenons pas à le découvrir.

-Alors en route, déclarai-je en me levant. À cheval et au galop!

Et nous partîmes pour Duranild…

Nous quittâmes les Marais de la Désolation, non sans un certain plaisir, et chevauchâmes durant trois jours, la longue campagne jaunâtre de Duranild défilant sous nos yeux. Nous n’arrêtions que rarement, laissant seulement les chevaux prendre un peu de repos, avant de seller à nouveaux.

Nous arrivâmes finalement à Telak à la tombée du troisième jour.

Les gardes ouvrirent la porte de la palissade à notre arrivée, l’air surpris de nous voir. Nous demandâmes la direction de l’auberge la plus proche aux gardes qui nous pointèrent un petit bâtiment arborant l’enseigne « La Licorne grise ».

Remerciant les gardes, nous nous dirigeâmes vers l’étable pour y laisser nos montures se reposer. Il ne s’y trouvait qu’une seule bête, un grand cheval entièrement noir qui nous toisait du regard, l’air mauvais.

-Quel sorte de voyageur peut bien chevaucher sur une bête pareille, se demanda Zardak.

-Je l’ignore, mais j’ai bien l’impression que nous ne tarderons pas à le savoir

La nuit tomba et nous prîmes chacun une chambre individuelle, la mienne juste en face de celle de Zardak. Juste avant d’aller me coucher, je croisai Cord dans le couloir qui me souffla à l’oreille.

-Il y a quelque chose de malsain ici. Garde ton épée proche de toi cette nuit, ce n’est peut-être qu’un pressentiment, mais demeurons prudent.

-Entendu, je resterai vigilant, bonne nuit Cord.

-Bonne nuit, Kaerun.

Je rentrai dans mes quartiers et me couchai immédiatement, gardant ma large épée à portée de main. Je sombrai aussitôt dans un sommeil profond. Les heures passèrent, bientôt mes cauchemars resurgirent. Je voyais Zardak, habillé d’une simple toge pour dormir, lutter comme un forcené contre une créature humanoïde hideuse dotée de cornes et d’une longue barbe rougeâtre descendant sur son menton fourchu. Celle-ci tentait par tous les moyens de le tuer de son arme, un poignard dentelé et blessa plusieurs fois le Drake avant de le précipiter par terre pour l’achever.

Mais il n’en eut jamais le temps… un étranger surgit brusquement dans les ténèbres de la chambre et s’interposa entre Zardak et son ennemi, combattant la créature de son épée. Surpris de cette arrivée fortuite, Zardak se releva rapidement et se précipita vers sa guisarme. Voyant cela, le monstre rugit et s’esquiva du combat avec l’étranger pour tenter de frapper le mage dans le dos. N’ayant pas d’autre choix, l’inconnu abandonna toute attaque pour faire bouclier à Zardak de son corps, la dague lui traversant le bras. Blessé, le guerrier enfonça son épée dans le torse du monstre jusqu’à la garde. La créature tituba, s’écartant de l’étranger avec l’épée qui le traversait de part en part. Zardak intervint à son tour et foudroya le monstre d’une terrible décharge électrique, le repoussant au fond de la chambre. Mais il n’était toujours pas vaincu et se releva avec un sourire sadique, faisant face en ricanant.

Je me réveillai en sursaut. Ce n’était qu’un cauchemar… Non, j’entendai des ricanements et de bruit de combat hors de ma chambre qui venait de la chambre…de Zardak.

Rageur, je me levai d’un bond et jaillis hors de mes appartements avec mon épée en main, faisant irruption dans la chambre de mon frère. Je l’y trouvai, ensanglanté, faisant face de sa guisarme à la même créature que j’avais entrevue dans mes rêves. Elle avait même l’épée de l’inconnu en travers du torse. Ce dernier, lui, protégeait le mage, usant d’un bouclier noir orné de pointes pour parer les incessantes attaques de griffes. Porté par ma rage, je hurlai en levant mon épée. La créature maléfique se retourna aussitôt, prête à m’affronter. Mais déjà, mon épée sifflait dans l’air et lui traversait le ventre. J’avais frappé si fort qu’elle en était littéralement sciée en deux et regardait incrédule,son torse être séparé de ses jambes. Dans un même mouvement, je coupai son hideuse tête afin de m’assurer sa mort et fit face à l’étranger. C’était un grand homme, engoncé dans une inquiétante armure noire ornée de pointes. Des grandes traces de griffes et de coup de poignard se lisaient sur sa cuirasse. Il faisait toutefois trop sombre pour distinguer son visage, hormis qu’il semblait avoir de longs cheveux, noirs aussi.

Avant qu’il ne fasse un mouvement, je lui mis ma lame rouge de sang sous la gorge

-Qui êtes-vous? grondai-je

Très calme, l’inconnu sembla avoir un petit rictus

-C’est une bien étrange façon de remercier quelqu’un qui vient de combattre avec votre ami.

-Commencer par me dire qui vous êtes et ce que vous faites ici…je verrai s’il y a matière à remerciement ensuite. Qui êtes-vous? répétai-je

-Mon nom est Arkael Eldar, paladin errant des routes. Les Diables sont mes ennemis jurés, aussi je n’ai pas pu résister à l’envie de tuer celui-ci et accessoirement, de sauver votre ami.

-Quoi, cette chose était un Diable? Dis-je en pointant le corps démembré par terre, qui a ma grande surprise se consumait en flammes.

-Exactement, répliqua l’étranger, que le phénomène ne semblait pas déranger outre-mesure. Je les chasse partout sur le continent et au-delà. Maintenant, si vous voulez bien poser votre épée, j’en ai une tour pleine qui demande éradication.

Je n’aurais su dire pourquoi, mais il m’inspirait un étrange sentiment de malaise. Une sorte de mélange de peur inconnu et d'un charisme qui laissait dénoter un caractère inébranlable. Il semblait sincère, mais je gardais tout de même mon épée levée.

Zardak intervint alors.

-Tu peux poser ton épée, mon frère. Cet homme n’est pas dangereux pour nous et il m’a protégé contre ce guerrier des Enfers. Sans lui, je ne serais peut-être même pas encore en vie.

J’hésitai encore un instant, avant de retirer finalement mon épée de son cou. Je me penchai et ramassai l’arme du paladin, demeuré au sol là où était auparavant la dépouille de la créature. Je tendis son arme au guerrier, qui la rangea dans son fourreau.

-Je te remercie, dit le paladin, maintenant si vous le permettez je vais prendre congé.

-Vous avez parlé d’une tour, demanda Zardak. Serait-ce celle de Nehrès.

L’étranger se figea

-Oui, et alors?

-Nous nous y rendons nous-aussi. Savez-vous ce qui s’y cache?

-Cette tour tient lieu de repaire à un culte infernal qui commence à s’organiser de plus en plus. Je m’y rends pour mettre fin à leurs actions. Et vous?

-Nous enquêtons sur une soudaine turbulence des esprits autour de Namuria que nous croyons relié à cette tour. Un portail au haut de celle-ci plus être plus exact.

Je vis alors les yeux de l’étranger briller.

-Un portail et une distorsion. Oui, je vois…réfléchit l’étranger. Ça m’intéresse…beaucoup. Je propose de faire front commun pour déraciner le problème. Je connais les mondes infernaux beaucoup mieux que quiconque et vous aurez besoin de mon aide.

Zardak réfléchit un moment, puis serra finalement la main du paladin

-Entendu, joignez-vous à nous, nous verrons de quoi il en retourne. Nous partons dès demain.

-Je vous verrai à l’aube dans ce cas, dit l’étranger en prenant congé pour retourner dans sa chambre.

Le reste de la nuit se déroula sans encombre.J'appela Cord afin qu'il vienne soigner les blessures du mage et à l’aube, j’informai Alek et Oreth de l’attaque de la nuit passée et de notre nouvel équipier. Nous retrouvâmes celui-ci devant l’étable, déjà monté sur son grand destrier noir à nous attendre. Nous sellâmes nos propres chevaux rapidement et partîmes aux premières lueurs de soleil.

Désormais éclairé par le soleil, le visage de l’étranger était cette fois bien visible. Celui-ci avait de quoi repousser, étant une sorte de mélange entre un faciès humain et celui d’un tieffelin. Des cicatrices incandescentes parcouraient son visage, ses dents semblaient plus pointues et ses yeux étaient ceux d’un tueur, à la fois glacés et brûlants de rage. Mais malgré son apparence dérangeante, de son corps irradiait une puissante aura de force, de courage et de justice qui inspirait l’héroïsme.

Chevauchant aux côtés d’Oreth, je questionnai le mage en chemin

-Que penses-tu de ce paladin, Oreth? Toi qui sais sonder les esprits mieux que quiconque.

Le Vixen sembla se concentrer un moment avant de répondre

-La crédibilité de ses dires n’est pas à mettre en doute. De tout son être émane une envie réelle de faire triompher le Bien sur le Mal, une envie qui approche même le fanatisme, je dois dire. Quant à son apparence, elle me rappelle assez celle des Hellbreds de légende.

-Les Hellbreds?

-Des criminels repentis aux portes même de l’enfer et revenus dans le monde matériel pour tenter de purger leur âme. Malgré leur apparence corrompue, ils deviennent généralement de terrifiants guerriers au service du Bien pour se racheter. Leur histoire est tragique, car même en accomplissant les plus grands exploits, il n’est pas sûr que les Dieux leur accordent l’accès au Paradis tant désiré. Mais les légendes font état de certains Hellbred ayant échappé à la damnation. Si celui-ci en est bien un, nul doute que cette histoire de troubles des esprits à attirer son attention. Elle lui offrira peut-être la chance d’accomplir une action décisive qui rachèterait son âme aux yeux des Dieux.

-Je vois… un guerrier puissant, mais sans aucun regard à sa vie. Il faudra le surveiller.

-Pour l’instant, profitons de son support, nous en aurons bien besoin. J'ai l'impression qu'il sera amener à jouer un grand rôle dans toute cette histoire, rajouta le mage.

-Oui, c’est bien ce qui me fait peur…
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